“Au seuil du naturel et de l’artificiel, les œuvres d’Olivier Sévère jouent sur la collision entre processus physiques et imaginaires pour sortir le monde lapidaire de sa prétendue inertie.” Florian Gaité
Fugue
A l’image de la pièce musicale éponyme, «Fugue» propose une succession d’images qui se ressemblent, semblent se fuir et se poursuivre tour à tour en répétant le même sujet à l’infini : le reflet d’une surface d’eau pourtant absente des expositions où l’œuvre est présentée.
Les foudres
Les foudres, est une série de sculptures présentant une hybridation entre la fulgurite, du latin : fulgur, signifiant « foudre » et l’instrument Cristal Baschet, protagoniste à part entière de «Deux soleils». Un éclair peut atteindre une vitesse de 300 000 km/seconde et approcher les 30 000 degrés celcius, ce qui a la capacité de vitrifier le sable en une fraction de seconde. Totalement artificiels ces pseudo-objets archéologiques se composent de morceaux de tubes de verre brisés similaires à ceux que l’on trouve sur les Cristal Baschet, encollés et recouverts de sable de quartz. Elles évoquent à la fois la fragilité et la fugacité de l’objet géologique et, dans l’Oasis.
Eaux vives
Ces impressions sur aluminium brossé développent la relation entre l'eau et la pierre déjà présente dans quelques œuvres. Ces images prises sur le vif, comme des esquisses, donnent à voir les liens étroits entre ces éléments à travers l'érrosion, le ressac, la sédimentation etc. Des endroits ou la matière se transforme.
photo : Charlotte Debauge pour Sinople et Olivier Sévère
Se fondre
Entre verre, pierre et eau, Se fondre procède de la confusion des matières, le cristal de roche imite le verre sur lequel il tient en équilibre et se fond dans l'eau jusqu'à presque disparaître à l'image du sable que fusionne pour donner corps au verre.
photo : Charlotte Debauge pour Sinople
Spectre
La série ouverte des Spectre, variation de marqueteries de diverses pierres tendres, propose des imageries célestes entre cartographies et radiographies dans lesquelles la lisière entre l'image et la matière est ténue.
photo : Charlotte Debauge pour Sinople
Nébuleuse
Nébuleuse est une série ouverte de marqueteries de pierres dures dialoguant avec l'imagerie des expensions de matières dans l'univers dont les relations sont imprécises et confuses. Ces objets célestes d'aspects diffus à des distances considérables sont ici librement interprétés en matières solides provenant des profondeurs de notre planète.
photo : Charlotte Debauge pour Sinople
Nocturne
Un nocturne est une forme musicale classique, un paysage peint éclairé par la lune et les étoiles ou plus largement tout sujet évoquant la nuit, l’obscurité. Librement inspiré de ce nom masculinisé pour la musique et la peinture, ces marqueteries de marbres et de pierres dures revisitent des tablettes de chevets avec des incrustations de pierres dures circulaires comme des astres dans l’éther.
Photo : Anne-Sophie Auclerc pour Sinople et Olivier Sévère
Deux soleils
Deux soleils prend principalement place dans les paysages secs et désertiques tunisiens et continue d’explorer les notions de naturel et d’artificiel. La question du mirage est principale et se développe plus largement sous le prisme de l’apparition et de la disparition dans une image et dans le paysage. Les déserts de sel, vestiges d’anciennes mers intérieures représentent une exploration qui permet d’évoquer le temps géologique et ses variations.
Lames
Entre verticalité et horizontalité, les « Lames » se déploient en apesanteur. Elles proposent une réflexion sur l'origine même des matériaux et leur rapport à la question de la formation géologique du paysage. Les pierres fines sélectionnées ne se révèlent que de l’intérieur. Taillées, polies, elles sont ensuite assemblées selon la technique du « livre ouvert » - « libro aperto » qui par phénomène de symétrie verticale, propose une nouvelle lecture du minéral, de sa formation et d’un lieu possible.
Photo : Antoni Girardi
En surface
Cette série ouverte de photographies capture ce qui ne cesse jamais de se mouvoir : la zone de contact entre l'eau et l'air, surface qui propose en permanence une image en mouvement. Un écran de cinéma perpétuel qui reflète le monde dès lors que la lumière perce.
Sans cesse
Sans cesse propose une vision imbibée d'un théâtre minéral, paysage dramatique et écorché où une cascade s'écoule infiniment sans aucune conséquence, ni rivière, ni lac. Cette étrange vision picturale évoque l'eau comme premier sculpteur de l'histoire, qui avec rage, force et constance façonne nos paysages depuis son apparition. La vidéo n'a pas de durée, c'est une parfaite boucle qui imite autant que possible le Temps et son insaisissable échelle.
Agrégats
Agrégats se composent de quatre pierres découpées en quatre, réassemblées dans un ordre aléatoire. L’hybridation obtenue produit une oscillation entre naturel et artificiel. Les faces découpées ne coïncidant pas formellement proposent une analogie avec la matière fracturée qui composent notre sol.
Photo : Sara Barcaroli et Antoni Girardi
Dans ces eaux là
Dans ces eaux-là, réalisé au Japon lors d’une résidence à la Villa Kujoyama est une fable picturale, minérale et tellurique dont l’eau et la pierre sont les protagonistes. Ils expriment les forces créatrices de la nature et de l’homme. Qu’elles soient solides ou fluides, conflictuelles ou mimétiques, les énergies déployées font corps, emportent, soulèvent ou érodent.
Sous-sol
Plusieurs tonnes d’ardoises forment une masse horizontale, sombre, et accidentée. De cette masse se dégage une lueur et une chaleur évoquant le métamorphisme, phénomène géologique qui, par la pression de l’eau et des températures extrêmes du centre de la terre, transforma il y a plus de 400 millions d’années l’argile océanique compactée en schiste très pur.
En substance
Œuvre spéculative, plus que simplement poétique, En substance tente de donner forme à l’intuition d’une vie des pierres, d’un biominéralisme dont la science contemporaine commence à entrevoir la réalité. (Florian Gaité)
Sombrer
Sombrer est le mouvement descendant sans lequel le marbre ne peut se constituer. Des gigantesques masses de calcaire ont sombré il y a quelques centaines de millions d'années dans les profondeurs de la terre ou de la mer. La pression et la chaleur des profondeurs sont à l'origine du métamorphisme, processus qui transforme le calcaire en marbre. Une tonne de ce matériau flotte, vibre à la surface du bassin du Potager du Roi dans un motif aléatoire et désorganisé qui s'échappe à la surface de l'eau.
Photo : Sébastien Agnetti et Olivier Sévère
De rien ne se crée rien
De rien ne se crée rien rejoue une cosmogonie biominérale à travers la reproduction du cycle de la matière cristalline, procédant du délitement de la roche en sable à sa recomposition en pierre. Le cristal est ici travaillé à chaud ou à froid selon les techniques du soufflage, coulage, de la taille, du sablage ou du filigrane.